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Plus à droite mais pas dans le champ !

image Pour pouvoir lutter contre la tragédie des féminicides, il faut avoir le courage politique d’en chercher et d’en nommer les causes. Or, le contexte conjugal représente plus de 75% des cas et 100 % des victimes « directes » ont été des femmes.

La solution pour lutter contre les féminicides passe à la fois par l’accompagnement des victimes, par l’accompagnement des agresseurs et par l’éducation. L’accompagnement des victimes est une solution nécessaire lorsque la situation est urgente, mais A la lumière des données des ressources consultées, le premier constat est le fait que si beaucoup a déjà été fait pour soutenir les femmes, peu est fait quand il s’agit d’accompagner les hommes avant qu’ils ne soient des agresseurs.

Solutions proposées #1- Ressources immédiates pour sortir de leur milieu les femmes qui vivent de la violence;
Solutions proposées #2- Prévention pour les hommes par davantage de ressources pour les hommes.

Dans les dernières années, le terme « féminicide » a fait couler beaucoup d’encre. De ce terme, nous conserverons le sens restreint de « meurtre d’une femme », c’est-à-dire indépendamment du motif, et nous l’examinerons dans sa problématique essentielle. Au Québec, il y a eu 23 féminicides en 2018 et 2019 ; 40 en 2020 et 2021 (1), c’est-à-dire en plein confinement. Le Québec a alors atteint, en à peine quatre mois, ce qui était normalement la moyenne annuelle de féminicides dans la province. (2) Cette hausse constatée pendant le confinement démontre du moins que l’isolement social et l’absence d’un milieu alternatif constituent des facteurs majeurs.

Pour pouvoir lutter contre la tragédie des féminicides, il faut avoir le courage politique d’en chercher et d’en nommer les causes. Or, la cause principale, dans 75 % des cas, c’est la violence conjugale (3). De plus, dans le contexte conjugal, 100 % des victimes « directes » ont été des femmes ; la problématique particulière des féminicides est lié à un contexte de violence conjugale.

Deux intervenantes de « acoeurdhomme » et « L’Arrêt-Source », Sabrina Nadeau et Catherine Robert Durand, pensent que la solution pour lutter contre les féminicides passe à la fois par l’accompagnement des victimes, par l’accompagnement des agresseurs et par l’éducation (4) .Équipe autonomiste est pleinement d’accord avec cette approche en trois parties.

Le premier aspect de cette approche est celui de l’accompagnement des victimes : le principal problème est la capacité de la future victime à se sortir d’une situation de violence conjugale avant que celle-ci ne conduise à l’irréparable, soit en se dirigeant dans une maison d’hébergement, soit en quittant pour un nouveau logement. Les maisons d’hébergement pour les femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants auraient refusé environ 15 000 demandes d’hébergement en 2020, faute de place (5). De la même manière, la pénurie de logements devient aussi un problème (6), puisque le manque de logements abordables maintient les femmes (mais aussi les hommes) dans des milieux de violence conjugale.

L’accompagnement des victimes est une solution nécessaire lorsque la situation est urgente. Pour cette raison, Équipe autonomiste appuie et félicite toutes les mesures d’accompagnement (financement de maisons d’hébergement, aide financière d’urgence, rendre disponible des chambres d’hôtel, etc.) destinées aux victimes potentielles de violence conjugale pour les sortir immédiatement du milieu à risque. Cependant, cette solution de dernière minute ne vise malheureusement qu’à traiter le symptôme sans s’attaquer réellement à la maladie, le féminicide.

Le deuxième aspect de l’approche est celui de l’accompagnement des agresseurs. En effet, nous ne réglerons pas la tragédie des féminicides sans parler des problématiques des hommes agresseurs, car les deux luttes sont solidaires. Nulle condition féminine sans condition masculine et vice-versa.

Si, comme des intervenantes Sabrina Nadeau (directrice « àcoeurdhomme » et Catherine Robert Durand (intervenante psychosociale « l’Arrêt-Source ») le disent, la violence est apprise (éducation), répétée et transmise, alors (4) cela signifie que l’on ne naît pas agresseur, mais qu’on le devient. Cela démontre aussi qu’il est possible de prévenir les féminicides avant le passage à l’acte. Ainsi, il faut prévenir la violence conjugale en accompagnant mieux les hommes avant qu’ils ne deviennent des agresseurs et il faut surtout comprendre pourquoi et comment la violence devient la réponse choisie. La prévention sauvera des vies.

A la lumière des données des ressources consultées, le premier constat est le fait que si beaucoup a déjà été fait pour soutenir les femmes, peu est fait quand il s’agit d’accompagner les hommes avant qu’ils ne soient des agresseurs : la réponse politique est muette. Il est notamment nécessaire de soutenir les hommes pendant les séparations, puisque celles-ci sont les moments les plus à risque pour qu’un féminicide soit commis. Or, les hommes sont souvent pris au dépourvu, tant humainement que judiciairement, pendant ces moments particulièrement difficiles.

À ce sujet, c’est-à-dire quand on pense à l’accompagnement des hommes, il s’ensuit un deuxième constat : le manque de ressources pour ces derniers. Sabrina Nadeau, directrice du réseau à cœur d’homme, mentionne que souvent les hommes qui demandent de l’aide sont échappés dans le système (4). Pendant la pandémie, l’attente est passée de 3 semaines à 6 mois (4). Si les hommes violents et pourtant désireux de s’en sortir peinent à obtenir de l’aide et de l’accompagnement, alors à plus forte raison, il y a une quasi-absence de ressources pour les hommes qui, sans être violents, souffrent en silence. Or, une stratégie à long terme basée sur la prévention exigera de fournir des ressources pour homme afin d’éviter le passage à l’irréparable.

Le plus souvent, les services d’aide sont destinés aux hommes « violents », non pour les hommes souffrants, comme si, en tant que société, nous attendions qu’ils passent à l’acte pour daigner les aider. Il existe une discrimination systémique envers les hommes, discrimination qui coûte malheureusement trop de vies humaines. Autrement dit, nos institutions politiques attendent présentement que des actes de violence soit commis avant d’apporter de l’aide ou de tout simplement écouter ceux qui en ont besoin. Des hommes souffrent et demandent de l’aide chaque jour : sans réponse. Il n’est pas normal d’attendre la gangrène avant de soigner, comme il n’est pas normal d’attendre qu’un homme soit violent avant de lui fournir l’aide nécessaire.

Pour lutter à long terme contre la « maladie » des féminicides, il faut donc comprendre quelles sont les causes de la violence conjugale ? D’où vient-elle ? Comprendre n’est pas excuser. On n’excuse pas un tel crime, mais on peut l’expliquer, car expliquer peut nous aider à prévenir ces drames. De quoi peuvent souffrir les hommes au juste ? Tout d’abord, on peut s’apercevoir de deux choses qui, sans tout expliquer, constituent cependant des pistes de réflexion : ils souffrent principalement pendant les séparations avec toutes les conséquences que celles-ci entraînent, mais ils souffrent, eux aussi, de leur milieu conjugal.

Le dernier constat est celui-ci : le fait que les hommes soient aussi victimes de formes de violence conjugale est tabou. Évidemment, la réponse violente de l’homme demeure catastrophique et n’est pas excusable. Le point ici n’est pas d’innocenter les gestes de violence commis par des hommes, mais plutôt d’accentuer le fait qu’il est nécessaire de fournir davantage de ressources pour écouter les hommes et pour les accompagner quand ces situations se présentent. Nous ne voulons pas dire ici que la violence subie par les hommes conduit au féminicide, mais nous voulons au moins montrer la culture du silence, culture dangereuse, qui fait qu’on ignore de quoi souffre les hommes au juste. Cependant, puisque les séparations sont un facteur majeur, nous pouvons penser que les tensions conjugales peuvent être un facteur parmi d’autres. Prévenir veut aussi dire de donner aussi des ressources aux hommes.

La violence subie par les hommes est en effet ridiculisée quand elle n’est pas passée sous silence ; pourtant environ le tiers (5000) des appels de dénonciation de violence conjugale concerne de la violence subie par des hommes (7). Au Québec, en 2022, 25 401 personnes ont déclarées avoir été victimes d’infractions contre la personne en contexte conjugal : 19 126 femmes et 6 275 hommes (8).La quantité d’hommes qui en sont victimes est probablement beaucoup plus grande étant donné la culture du silence et le tabou concernant la violence envers les hommes. Certes le simple fait qu’au moins le tiers des hommes subissent de la violence conjugale dénote que le problème est loin d’être mineur.

Il y a en effet une culture du silence sur la violence subie par les hommes et sur leur problème. Les hommes aussi doivent avoir des endroits pour quitter le milieu violent et être entendus sans être ridiculisés quand ils dénoncent ce qu’ils subissent. Les hommes qui souffrent en silence sont dangereux. Il faut commencer à éduquer et valoriser les hommes pour les enjoindre à s’exprimer. Disons-nous-le : culturellement, la violence conjugale, lorsqu’exercée par une femme, est acceptée et tolérée. Il faut peut-être éduquer les hommes à dénoncer cette violence qu’ils subissent. Aussi, en tant que société, prévenir en éduquant tout le monde que la violence, sous toutes ses formes, n’a pas sa place. Peut-être alors réussira-t-on ensemble à sauver des vies avant qu’il ne soit trop tard. Or, pour cela, il faut commencer à entendre ce que les hommes, en tant que personne humaine, ont à dire, car c’est ensemble que nous réussirons à vaincre les féminicides.

Solutions proposées #1- Ressources immédiates pour sortir de leur milieu les femmes qui vivent de la violence (4) ;
Solutions proposées #2. Prévention pour les hommes par davantage de ressources pour les hommes.

    1) Augmenter le nombre de ressources psychologiques pour hommes subissant de la violence conjugale;
    2) Soutien psychologique et judiciaire pour une équité lors des séparations;
    3) Promouvoir le droit et le devoir des hommes de dénoncer les abus qu’ils subissent et l’éducation des intervenants afin que cette souffrance soit prise au sérieux;
    4) Soutien d’hébergement temporaire et d’accès au logement également pour les hommes.

Références :

  1. Campagne des 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes 2023, Conseil du statut de la femme
  2. Féminicides: le PLQ propose d’ouvrir des places d’urgence pour les femmes violentées, Le Journal de Québec, 19 avril 2021
  3. Nombre et taux de victimes d'homicide, selon le genre, l'identité autochtone et le type de relation entre la personne accusée d'homicide et la victime, Statistique Canada
  4. Comment faire pour en finir avec les féminicides et la violence conjugale?, Ici Radio Canada
  5. Les Nord-Côtières sont les plus violentées au Québec, Le Manic, 25 novembre 2023
  6. Vague de féminicides: QS presse la CAQ d’investir en habitation, Le Journal de Québec, 23 juin 2021
  7. Violence conjugale et féminicides au Québec en 2021, Conseil du statut de la femme
  8. Violence en contexte conjugal, Statistique Québec
ven 08/03/2024 - 12:10